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LES ADIEUX A LA REINE DE BENOIT JACQUOT

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La mise en scène de Benoît Jacquot a toujours été très classique, fluide, naturelle, et sans effet de style particulier. C’est pourtant ce qui fait la justesse de la mise en scène de son dernier film, Les Adieux à la reine en salle depuis mercredi 21 mars. La littérature ayant beaucoup influencée son travail (il avait notamment adapté une pièce de Marivaux, La fausse suivante, en 2000), il n’est pas étonnant que le réalisateur ait choisi de porter à l’écran le livre de Chantal Thomas pour parler de la prise de la Bastille. Ce n’est pas non plus la première fois que l’intrigue se situe loin dans le passé ; il avait déjà réalisé Sade où l’action se déroule sur quelques mois à la fin du 18e siècle, Adophe dont l’action se déroule à l’aube du 19e  et 1965 pour Au fond des Bois.

Cependant Les Adieux à la reine est un film avant tout sur les femmes. Elles ont toujours étés centrales dans ses films : Isabelle Huppert extraordinaire dans Villa Amalia, Adjani dans Adolphe, Virginie Ledoyen dans La fille seule ou encore Isild Le Besco dans Au fond des bois. Jacquot s’est concentré sur le personnage de Sidonie Laborde, interprété par une Léa Seydoux parfois sur le fil de la justesse mais qui n’en tombe finalement jamais. Lectrice attitrée de la reine (Diane Kruger) elle ne vit qu’au rythme de ses caprices et semble survivre plus que profiter de sa jeunesse lorsqu’elle n’est pas à ses côtés. Plus que le respect que son rang impose et au delà de l’admiration, la jeune Sidonie semble vouer un amour inconditionnel, proche du désir charnel, à cette reine pourtant éprise d’une autre.

La prise de partie du réalisateur, fidèle au livre, est de nous montrer les évènements uniquement du point de vue de ces privilégiés, que l’on finirait presque par plaindre de devoir quitter leur demeure et de fuir pour éviter la mort. Le film n’a donc pas valeur historique du fait de sa totale subjectivité. Peut-être est-ce pour cela que le film laisse une sensation de travail inachevé ? Le récit historique est mis de côté assez rapidement (au point de distinguer de nombreux anachronismes tels que l’âge des personnages, certains dialogues..), tandis que les relations entre les nombreux personnages peines à se définir sans jamais s’approfondir.

La force de ce film réside cependant dans l’otarie totale dans laquelle nous plonge le réalisateur : hormis les dernières minutes du film, la caméra ne quittera pas le vaste domaine de Versailles. Peu à peu le spectateur devient empathique et se prend d’affection pour cette jeune femme naïve mais pleine de bonnes intentions, qui côtoie  et admire cette noblesse à laquelle elle n’appartiendra pourtant jamais. Preuve en est qu’elle n’en obtiendra même jamais le respect ou quelconque considération : la reine lui demande de se sacrifier si besoin pour laisser la vie sauve à Madame de Polignac, son amante (interprétée par Virginie Ledoyen) . Le comble de l’humiliation est atteint pour Sidonie, qui voit sa fidélité envers la reine mise à l’épreuve afin d’aider celle qui pourtant l’a trahi en l’abandonnant seule à son sort. Mais finalement l’idée (morale ?) qui surgit à la dernière minute du film semble rendre justice à cette jeune femme qui aura été prête à aller au bout de sa dévotion : les petites personnes (expression utilisée dans le film) et les têtes couronnées ne sont pas traitées avec le même égard, mais arrivé au moment du coupage de tête, l’intelligence supplante le rang.

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