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Culture / Découverte

L’écrivaine Régine Deforges est morte ce jeudi

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L’écrivaine Régine Deforges est morte jeudi d’une crise cardiaque. Auteure polymorphe et ardente féministe, elle s’est éteinte à l’âge trop précoce pour un tel esprit éclairé de 78 ans.

Auteur d’une quarantaine de livres dans des registres ô combien diversifiés que nous détaillerons plus loin, elle a accédé à une notoriété hors normes avec l’immense déferlante de sa saga La Bicyclette bleue, entamée en 1981 et dont le dixième et dernier volume est paru en 2007.

A l’automne de l’année passée, étaient sorties ses mémoires, L’Enfant du 15 août, dans lesquelles elles revenait sur sa jeunesse, ses amours (avec l’industriel Pierre Spengler, l’éditeur Jean-Jacques Pauvert ou le dessinateur Wiaz, la cour que lui fit François Mitterrand…), ses souvenirs du continent d’ébène, et la vieillesse qu’elle détestait plus que tout.

La Bicyclette Bleue avait été adaptée au cinéma en 2000, avec Laetitia Casta dans le rôle de Léa Delmas. L’action se situe sous l’occupation allemande, et c’est sur une bicyclette bleue que l’héroïne traverse la ligne de démarcation.

Elle a vendu plus de dix millions d’exemplaires de cette série historique, largement traduite, pétrie avec une documentation d’un pointillisme exemplaire et nantie d’une écriture à la fluidité gracile qui a touché d’innombrables âmes sensibles.

« Les critiques ne savent pas dans quel tiroir me ranger »

« J’ai connu trop de succès à répétition, qui vont des livres pour enfants au point de croix, en passant par les anthologies érotiques. Les critiques ne savent pas dans quel tiroir me ranger, on parle de moi comme d’un phénomène mais jamais de mon travail, ce qui me navre », disait-elle non sans une certaine amertume.

Née en 1935, après une enfance dans le Poitou, elle passe par une phase d’adolescence tumultueuse, se marie à l’âge précoce de dix-huit ans et s’installe à Paris. Elle entame l’apprentissage du théâtre au cours Simon, fait furtivement du mannequinat mais trouve enfin sa véritable vocation en devenant libraire au drugstore des Champs-Elysées.

De l’érotisme sans aucun tabou aux contes plus sages pour enfants, une icône iconoclaste avec classe !

Elle crée de concert avec son amant et mentor, le célèbre éditeur Jean-Jacques Pauvert, sa maison d’édition, « L’Or du Temps ». Son premier livre publié, en 1968, Le Con d’Irène, de Louis Aragon, lui vaut une condamnation pour « outrage aux bonnes moeurs » et la prive de ses droits civiques. C’est une épique et piquante époque durant laquelle les procès sont légion. Trois Filles de leur mère, de Pierre Louÿs ou Lourdes, lentes d’André Hardellet, sont parmi les livres qui lui vaudront des passages en cour correctionnelle.

Elle se heurte, malgré une volonté sans faille, aux écueils d’une société française encore très corsetée. Sa définition de l’érotisme choque : « Libre, dénué de tout sens du péché, joyeux, païen et non pas didactique ».

En 1975, elle rédige son premier ouvrage : des entretiens avec l’auteur d’Histoire d’O, O m’a dit. Puis son premier roman en 1976 Blanche et Lucie, des essais comme Roger Stéphane ou la passion d’admirer, des anthologies compilant des chansons d’amour, des contes à destination d’un très jeune public, et pour montrer combien elle se démultiplie facilement un livre de recettes de cuisine.

Régine Deforges était l’épouse du dessinateur du Nouvel Observateur Pierre Wiazemski, dit Wiaz (petit-fils de François Mauriac). Mère de trois enfants (dont l’éditeur Franck Spengler) de deux mariages, elle a été présidente de la Société des Gens de Lettres et membre émérite du prix Femina jusqu’en 2006.

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