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L’appel de la police new-yorkaise au boycott des films du très engagé Tarantino

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Une grande marche en soutien des victimes de brutalité policière s’est tenue à Manhattan, samedi dernier. Le célèbre réalisateur Quentin Tarantino a décidé de se joindre aux manifestants, en homme d’influence, pour souligner son appui aux victimes. Sa présence n’est pas passée longtemps inaperçue. En effet, il n’avait pas la langue dans sa poche que ce soit lors de la manifestation (avec un grand renfort de slogans scandés à haute voix) ou auprès de la presse qui a pu recueillir confidence pour confidence  de la part de celui qui se considère comme « un être humain doté d’une conscience » et dont la participation à cette manifestation implique qu’il est « du côté des tués injustement ».

Il a prononcé le nom des personnes, emportés brutalement par des « meurtriers » (terme très appuyé à ses risques et périls). Sont ainsi revenus de nos mémoires closes, des noms comme ceux de Michael Brown, 18 ans, dont la mort à Ferguson (Missouri, centre) en août 2014 avait provoqué des manifestations dans tout le pays, ou celui de Tamir Rice, 12 ans, tué quelques mois plus tard alors qu’il jouait avec un pistolet en jouet, dans l’Ohio (nord). Des propos qui avaient tout pour plaire au NPYD (New York Police Department) qui craint qu’un leader d’opinion comme Quentin Tarantino n’attise des tensions (à priori éteintes) pouvant s’embraser par une simple étincelle verbale.

La police, disposant comme dans toute démocratie, d’un droit de réponse, l’a utilisé à bon escient. Elle n’a pas manqué de descendre le réalisateur de 52 ans, non par coups de feu, mais par saillies verbales, via un communiqué de presse NYpost…pour le moins incendiaire. Elle a ouvert le bal des représailles ainsi : ”Ce n’est pas surprenant que quelqu’un qui gagne sa vie en glorifiant le crime et la violence déteste aussi la police. Les officiers de police que Quentin Tarantino appelle des meurtriers ne vivent pas dans un de ses fantasmes dépravés sur grand écran. Ils risquent leur vie et parfois la sacrifient pour protéger la communauté de vrais crimes”. Les hostilités commencent ainsi.

Le président du plus puissant syndicat de police new-yorkais a poursuivi son argumentation à l’encontre du prévenu (c’est une image : Tarantino n’a pas été du tout appréhendé), en voulant s’attaquer à quelqu’un qu’il considère de nuisible, non seulement pour le NYPD mais également pour les citoyens de la mégalopole :  ”Les New-yorkais doivent envoyer un message à ce pourvoyeur de déviances qui n’a pas à venir dans notre ville pour colporter sa fiction policière diffamatoire. Il est temps de boycotter les films de Quentin Tarantino”. L’avertissement, verbal pour l’instant, est sévère, de la part de l’Association des officiers de patrouille, mais sera-t-il appliqué ou classé sans suites ?

Rappelons que la liberté d’expression est le premier amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique et donc par conséquence l’un des piliers de cette dernière. La police serait plus avisée de se taire au lieu d’appeler à un boycott des films de Quentin Tarantino : certes la violence a sa part du gâteau (et pas des moindres) dans les films du réalisateur, révélé par Pulp Fiction (Palme d’or à Cannes en 1994), mais le premier degré est à bannir absolument. L’ironie est reine, et si meurtre fictionnel il y a, l’humour déjanté n’est pas loin et précède ou accompagne son déroulement. Il convient d’éviter la diabolisation à outrance : Tarantino est avant tout un grand enfant.

En tout cas, je salue le courage de Quentin Tarantino pour son engagement viscéral car le Tout-Hollywood est beaucoup plus frileux que lui, par craintes de représailles de la sorte, comme cet appel au boycott des films de Tarantino au nombre de 12 (en comptant celui à venir). Toujours pour des histoires de gros sous ou de peur d’un coup de frein brutal sur une carrière. Seront-elles mises en exécution ? Nous le verrons pour la sortie de The Hateful Eight, programmée pour le 8 janvier 2016. Savourons, pendant quelques minutes nostalgiques, les 10 morts les plus marquantes de la filmographie de Quentin Tarantino. Attention : instants cultes et jubilatoires !

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