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Musique

Musique et cinéma : Terence Blanchard rend un hommage vibrant au cinéma de Spike Lee à Paris (reportage)

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Ce 4 décembre 2016, à la Philharmonie de Paris, se tenait l’une des plus belles soirées de l’année. En effet, il était question d’un certain Spike Lee, grand monsieur du cinéma s’il en est, le temps d’une soirée. Dans le cadre du weekend des Musiques à l’Image, Terence Blanchard, saxophoniste jazz de génie mais aussi collaborateur étroit du cinéaste avait accepté de venir interpréter ses bandes originales les plus connues.

Il est 19 heures lorsque le spectacle débute avec pour théâtre la magnifique et moderne grande salle Pierre Boulez servant habituellement, entre autre, à accueillir des opéras. Le ton est donné, la qualité de ce qui sera interprété ce soir sera indiscutable. Après une introduction et un petit discours des responsables du Audi Talent Awards, dont fait partie l’événement, un court métrage sur l’œuvre de Spike Lee sert d’amuse-bouche.

Il est ensuite temps de passer aux choses sérieuses. Sur scène un orchestre entier a été mobilisé. Piano, violons, violoncelles, percussions, rien ne manque à l’appel pour assister la légende Terence Blanchard et sa trompette. Ce dernier, en véritable maître de cérémonie est accueilli sur scène par un tonnerre d’applaudissements. Le virtuose n’hésitera pas au court d’un show d’une qualité rare à interpeller fréquemment le public. Celui qui est introduit comme quelqu’un ayant « un certain savoir et engagement non négligeable en ces temps troublés » impose une présence indéniable. Mais il n’est pas seul sur scène. Pour le seconder des voix féminines bluffantes viennent donner à cette messe jazz une ampleur festive. Entre les merveilles d’un gospel à Harlem et une Amérique politique illustrée par le cinéma de Spike Lee, ce live transporte. La sublime Dianne Reeves, la moderne China Moses en robe de soirée noire et l’énergique Angélique Kidjo se succèdent sur scène le temps d’une première partie qui au grès d’images diffusées sur un écran de cinéma géant donnent une nouvelle dimension à 25 années de carrière du cinéaste. Avant l’entracte, sont revisités « Bamboozled », « Inside Man », « Clockers » et « Maclolm X ». Ce dernier profite d’une attention toute particulière. En effet, outre une performance musicale millimétrée et la diffusion d’images du célèbre métrage, un choix de vidéos permet de mieux comprendre l’œuvre politique de celui qui a défendu les droits des Afro-américains face à un gouvernement qui privilégiait la ségrégation.

Un entracte permet de reprendre son souffle et de boire quelques bulles. Il est de courte durée. L’œuvre de Spike Lee est dense, il n’y a pas de temps à perdre. Le spectacle reprend sur « Mo’Better Blues » et une interprétation musicale « parlée » de China Moses qui n’interprète pas «une chanson d’amour » à en croire ses paroles. Il y en a marre des chansons d’amour, « Vous avez écouté leurs paroles ? » questionne la chanteuse. S’en suit un hommage à « 25th Hour » qui mettait à l’affiche Edward Norton. Cette fois, au grès des images, se sont les instruments et uniquement les instruments qui parlent et racontent les dernières heures d’un homme qui sera emprisonné le lendemain. « Jungle Fever » suit alors que le show gagne encore en énergie. On retient notre souffle : le grand finale approche. C’est « When the leeves broke » qui est le dernier élu. L’occasion pour Terrence Blanchard de parler de la Nouvelle-Orléans où il a grandi et de l’Ouragan Katrina qui l’a frappé.

Passé l’horreur, le musicien confie que la force de cette ville est sa capacité à rebondir et à continuer célébrer la vie au-delà de tout. Et d’ailleurs célébrer c’est ce que nous allons faire maintenant! Les trois divas de la soirée, un mouchoir blanc à la main reviennent sur scène pour faire danser l’assemblée. En chantant en quinconce, les belles emmènent Terence Blanchard dans leur sciage. En tapant des mains et en dansant l’équipe fait le tour de la salle. Lorsqu’ils remontent sur scène, les musiciens se lèvent, brandissent un mouchoir blanc et se mêlent à la fête.

On rêve d’un retour sur scène de la troupe alors que le public demande d’une seule voix un autre morceau. Il est déjà trop tard. Le voyage poétique proposé par Blanchard et Lee touche déjà à sa fin. Merci pour la ballade les artistes.

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