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Ciné

Lucien Jean-Baptiste et Baptiste Lecaplain nous parlent du film « Dieumerci », en salle le 9 mars !

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Le réalisateur de « La 1ère étoile », Lucien Jean-Baptiste revient dans ce film à la fois drôle et touchant, derrière la caméra mais également en tant qu’acteur. Accompagné par l’humoriste Baptiste Lecaplain, il joue son propre rôle, celui d’un homme brisé de 44 ans, sortant de prison et décidant de vivre son rêve d’enfant : devenir comédien

Mais comme le dit si bien le personnage, du même nom que le film, Dieumerci, « en banlieu, on aime bien enterrer nos rêves de gosses dans les terrains vagues ». Cet homme, rempli de passion et de volonté, va croiser le chemin d’un jeune branleur, Clément avec qui il va devoir apprendre à travailler, et vivre pour parvenir à réaliser son rêve. Et ce n’est pas gagné !

Ce duo énergique et touchant marche parfaitement à l’écran … et dans la vraie vie ! La complicité entre les deux protagonistes est palpable. A travers ce film, Lucien Jean-Baptiste veut faire passer des messages : il faut se battre pour ses rêves, sans attendre qu’un drame nous touche et que l’on se rende compte que l’on n’a qu’une vie. Il faut bouleverser les codes, y croire et foncer.

Ce film à petit budget a bien failli ne jamais sortir, mais avec la volonté de toute l’équipe il sera finalement en salle le mercredi 9 mars 2016. A la fois touchant et très drôle, on passe du rire aux larmes car on ne peut s’empêcher de s’identifier aux différents personnages.

On a tous un rêve de gosse que l’on n’a pas oublié. Pourquoi ne pas vivre pour ses rêves ?

Les deux acteurs étaient à une projection hier, et nous ont raconté leur expérience, leur message et leurs projets.

Le film parle des galères du début. En avez-vous eu à vos débuts ?  Y avait-il des gens qui ne croyaient pas en vous ?

Baptiste – Non, pas trop. J’avais juste envie d’être humoriste, je n’ai pas pris de cours de théâtre. J’ai été en fac d’anglais et mes parents n’étaient pas dans ce milieu. Pendant 3 ans j’ai été animateur pour les enfants et les personnes du 3ème âge … ah si c’était la galère ça ! Surtout pendant les jeux d’apéro, les trivial poursuit et quand ils contestaient « mais non c’est faux ». Puis, step by step, j’ai commencé à louer des salles de 40 places, puis on m’a produit et j’ai joué dans de plus grandes salles. J’ai appris peu à peu le métier en faisant de la scène et des films.

Lucien – Il faut prendre le stylo ! C’est important de prendre le stylo. Ce film est autobiographique. La prison est une métaphore de ma vie passée, de l’enfermement pendant 10 ans, puis il y a eu le drame. On devient alors spirituel, ma mère me disait pareil que dans le film, que j’ « avais un ange au ciel ». J’ai donné sens à tout ça et j’ai réalisé mon rêve de gosse. Heureusement que ce n’était pas devenir footballeur, ça aurait été trop tard ! J’ai pris des cours de théâtre au cours Florent et grâce au concours « Classe libre » on nous présentait des agents etc. On faisait de tout ! Puis j’ai joué dans mon premier long-métrage « Emmenez-moi » et j’ai décidé de passer derrière la caméra pour raconter mes vacances au ski. Faites attention quand vous parlez de « rêve de gosse » ! On ne pose pas le pied dessus en se disant : « Voilà c’est fini » ! On est tous des passionnés, le rêve continue.

 Était-ce important pour vous de réaliser ce film à ce moment-là ?

Lucien – Oui ! Au début je ne voulais plus faire de film. J’avais fais « La 1ère étoile » et « 30° couleur » qui n’a pas marché. Il était diffusé le mercredi à 14h, ça m’a fait mal de donner 3 ans de boulot pour ça. Puis le producteur Farid Lahouassa m’a remis en selle puis j’ai commencé à écrire ce film, en tout cas le premier scénario mais on n’avait pas d’argent du tout. Wild Bunch et TF1 ont dit oui mais Canal + non. On n’avait que 1.2 millions d’euros pour le tournage donc on s’est dit que ça allait être une galère. La production a proposé de faire un « 2ème étoile » et un autre film en même temps mais j’ai dis non, qu’on allait faire le film ! L’équipe a fait un effort sur son salaire et on y est arrivés. J’ai quand même apporté des fonds personnels et on est arrivés à un budget de 2 millions. Quand je vois les réactions je me dis qu’on a bien fait. Sincèrement, si ça ne marche pas mercredi 9 ça ne me posera pas de problème vu ce qu’on a vécu ensemble ; la psychanalyse est faite.

Baptiste, étais-tu dans le projet dès le départ ?

Baptiste –Le tout premier lien qu’on a eu sur ce projet c’est quand je venais de tourner dans le film « New York », c’était en 2011 et c’était déjà Farid Lahouassa qui produisait en partie ce film et il me dit : « Voilà, est-ce que tu veux continuer à faire du cinéma ? », je dis « Bien évidemment mais après faut avoir des scénarios » et il me dit « J’aimerais bien produire un film avec toi et Lucien Jean-Baptiste ». Je l’avais vu dans «La 1ère étoile » alors je dis « Ouais carrément, super, tu as un scénario ? » et il me répond « Non non j’en ai pas ».  Et Farid Lahouassa c’est un type vraiment super, enfin c’est un ami maintenant, et c’est un mec qui sent les gens et qui aime bien faire des rencontres et de là naissent des collaborations. C’est lui qui a fait les premiers films de Cédric Klapisch, il a fait « La Vérité si je mens ». Il croyait vraiment au projet, il nous a fait lire « Intérim », qui était le scénario original et j’avais bien aimé, mais une fois qu’il est passé entre les mains de Lucien, c’est là où ils se sont rendus compte qu’il correspondait à pas mal de choses de la vie de Lucien et qu’il a réinjecté pleins de trucs persos. Et donc ensuite j’ai lu le scénario de « Dieumerci » et j’ai vraiment adoré, encore plus, j’avais grave envie de le faire et Lucien ensuite est venu me voir au Bataclan parce que j’ai joué 30 fois dans cette salle, en 2013, mais il n’est pas resté à la fin du spectacle donc je me suis dis « Il n’a pas aimé ». Je suis parti après en vacances, à Venise, et j’entends une voix que je connais, je me retourne et je vois Lucien qui me dit « Ouah délire ». Donc la première fois qu’on s’est rencontrés en vrai, c’était à Venise. Il me dit « Hé mec, faut qu’on se voit, le film, je t’en parlerai ». Je suis donc rentré à Paris et on a passé des essais ensemble. Ca a duré deux heures, c’était super, une vraie séance de travail et il m’a dit « Je veux que ce soit toi qui fasse ce film » et entre le moment où il a dit ça et le moment où on l’a tourné il s’est passé un an et demi, quasiment deux ans. C’était très long et j’ai eu deux, trois coups de fil de Lucien qui me disait « C’est mort, pas d’argent, on ne va pas pouvoir le faire » et le moment de galère, pour rebondir sur la première question, c’est que je sais qu’à un moment donné il s’est posé la question … enfin y a des producteurs ou je ne sais pas qui, ont dit « Si vous voulez qu’on finance le film, ce serait bien qu’il y ait un mec un peu plus « bankable » que Baptiste Lecaplain.

Lucien – Je ne suis pas Omar Sy donc …

Baptiste – Et Lucien, effaré, aurait pu dire « Ok on va prendre un mec plus bankable » mais non, il a dit « On garde Baptiste quoiqu’il arrive ». Ils ont répondu « Ok mais on ne vous donne pas d’argent ». Donc voilà, je suis sur le projet depuis le tout début, début, même avant que Lucien soit au courant.

Ce n’est pas trop dur de jouer sa propre vie ?

Lucien –  C’est compliqué l’histoire de devant/derrière car on dit souvent cela mais non, on est soit devant, soit derrière. Et bien, non … enfin oui. C’est-à-dire qu’au départ, j’ai injecté mon histoire dans un scénario en me disant «  J’ai beaucoup de pudeur par rapport à ça, à qui je vais aller raconter ça » mais à partir du moment où je me suis mis dans l’écriture, où j’ai tout balancé dans le scénario … à partir de là c’était parti, ce qui fait que sur le plateau je n’étais plus dans ce questionnement. Ca m’a même aidé puisque, vous savez, les comédiens, quand ils jouent un rôle, admettons le rôle d’un mec qui a perdu un enfant, s’il n’a pas vécu ça, il va aller chercher etc. Moi, je n’ai pas eu à aller chercher, j’avais tout en moi donc il fallait juste retrouver les boutons. Comme chez le psy quoi ! Tu balances tout. Donc j’étais assez chargé pour ce rôle. C’est vrai qu’à un moment, j’ai même pensé, car comme le film ne se montait pas, à me remplacer, c’est-à-dire à demander à Joey Starr, ou des noms importants, et Farid, le producteur une fois de plus, me dit « Mais t’es malade, c’est ton histoire, c’est toi, y aura aucun mec qui aura autant de sincérité, et toi, tu es déjà l’acteur, tu es déjà nourri, parce que si on prend un autre mec, il va falloir que tu lui racontes, que tu le nourrisses de cette histoire. Là on gagne un temps fou, vas-y ». J’ai dis « Bon, j’y vais ». Donc vous avez deux acteurs par dépit [rires].

Avez-vous 1 ou 2 anecdotes pendant le tournage ?

Baptiste – Le froid sur le chantier !

Lucien – Un peu The Revenant quoi !

Baptiste – La terre était glacée donc on n’arrivait pas à la soulever. Les gars du chantier nous regardaient comme si on était des milliardaires qui ne venaient là que pour imiter leur métier pour un film.

Lucien – La baffe aussi !

Baptiste – Ah oui la baffe. J’ai demandé à Noémie d’y aller franchement, elle m’a répondu « Ouais ouais je ne vais pas te rater ». Elle m’en a mis 4. A la 5ème, j’avais une marque qui ne partait pas.

Lucien – Sinon non, sur les petits tournages on n’a pas le temps.

Baptiste – On a beaucoup répété, même chez lui, même des scènes pas dans le scénario. C’était très cadré, Lucien est très carré, j’aime bien aussi.

Lucien – On répète beaucoup avant car on n’a pas beaucoup de temps, ni d’argent, ni l’occasion de prendre de grandes pauses. On délire, mais dans un cadre. Je suis devant et derrière donc il y a plus de travail en amont, et comme ça c’est plus facile.

Avez-vous des projets pour la suite ?

Lucien – Je viens de finir un tournage il y a 15 jours et on m’attend pour le montage de « Il a déjà tes yeux » qui parle d’un couple de noirs qui élève un enfant blanc. Il s’agit d’une comédie touchante aussi. Et « La 2ème étoile » ne sait-on jamais.

Baptiste – J’ai des films en projet, en attente ou en cours de casting.

Lucien – Il est en tournée aussi !

Baptiste – J’ai fais 800 000 entrées en 3 films … comme Kev Adams en 2 jours ! Je suis content, ça fait bien sur le CV [rires].

Pouvez-vous nous parler des seconds rôles ?

Lucien – Firmine, c’est ma maman de cinéma. Michel Jonasz c’est la famille ! Quand j’écrivais je pensais à lui : l’avocat dans la voiture à la frère Cohen, pas un avocat à bureau mais un avocat dans sa voiture avec tous ses dossiers. La secrétaire ! C’est important de parler de ces rôles là. J’ai fais un grand casting pour trouver la secrétaire : il y a beaucoup de comédiens talentueux mais que le système met de côté. Delphine était là et a fait des essais de dingue. Il s’agit d’un personnage qui ne vit pas sa passion donc j’ai demandé aux filles de jouer là-dessus. Elle est arrivée, en totale improvisation et a parlé de la danse … c’était magique ! Je cherchais une comédienne de cette dimension. Jean-François Balmer (directeur de l’école de théâtre) … A travers lui, je parle du métier qui manque d’imagination. Il faut faire tomber les codes ! Les hommes peuvent jouer des femmes. C’est pour ça que ce personnage est à décroûter, à dépoussiérer. J’essaie de faire en sorte que tous les personnages aient un sens. Ici, ils ont tous un rêve non exaucé : le prof de théâtre qui n’a pas réussi, le directeur qui regarde les photos du passé, Jonasz dans sa voiture, la secrétaire qui n’a pas réalisé son rêve … Il faut vivre ses rêves, en tout cas essayer.

Un film recommandé par Actu-mag.fr (propos recueillis par Julie Lacoste).

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