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Premier jour d’ouverture d’un procès historique, six ans après les attentats du 13 novembre 2015

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Six ans après les attaques du Stade de France, des terrasses parisiennes et du Bataclan qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés, la justice plonge dans l’horreur de ces crimes de masse à partir de ce mercredi 08 septembre à 12h30 et pour une durée de près de neuf mois.


La France toute entière a été plongée dans l’horreur », a rappelé mercredi matin le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti pour faire référence à cette nuit du 13 novembre 2015 au micro de BFMTV et RMC.

« Ces événements sont entrés par effraction dans les mémoires et notre mémoire collective », a insisté le garde des Sceaux, pour qui le défi du procès est double : que la justice « soit rendue conformément aux règles qui sont les nôtres depuis des siècles et que nous soyons au rendez-vous logistique ».

Un dispositif de sécurité renforcé

Dans la matinée, un convoi ultrasécurisé avait quitté la prison de Fleury-Mérogis où le seul membre encore en vie des commandos jihadistes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est incarcéré à l’isolement total depuis plus de cinq ans.

Les abords du vieux palais de justice étaient bloqués depuis l’aube par un large périmètre de sécurité. Les forces de l’ordre vérifiaient les laissez-passer de tous ceux qui se dirigeaient vers le palais. Les portes d’accès se sont ouvertes à 10H00 pour les centaines de parties civiles, d’avocats et de journalistes attendus.

Près d’un millier de membres des forces de l’ordre seront mobilisés pour la sécurité du procès, dont 630 aux abords et à l’intérieur du palais.

Gérald Darmanin a demandé aux responsables de la sécurité du territoire « un haut niveau de vigilance », particulièrement autour des lieux classés sensibles (les salles de concert, les églises, etc.), pendant toute la durée du procès. Le ministre de l’Intérieur a rédigé un télégramme, qu’il a adressé aux préfets de police de Paris et des Bouches-du-Rhône, ainsi qu’aux préfets des zones de défense de métropole et d’outre-mer. Il y requiert leur « vigilance collective […] totale tant à l’égard de la menace [terroriste] endogène qu’exogène », révèle Le Point.

Il y rappelle que, l’an dernier, le procès des attentats de janvier 2015 avait été l’occasion d’une « succession d’attaques sur le territoire national » (contre les anciens locaux de Charlie Hebdo, assassinat de Samuel Paty mi-octobre) après la republication par l’hebdomadaire satirique de caricatures de Mahomet.

Le ministre a ordonné en conséquence à ses cadres de maintenir « un haut niveau de vigilance, tout particulièrement aux abords des lieux de culte, des lieux d’enseignements, de grands rassemblements dans un contexte de retour à la normale et des anciens lieux d’attentats ». « Vous mobiliserez en conséquence les forces de sécurité intérieure pour une présence visible et dissuasive », ajoute Gérald Darmanin.

Un procès historique

« Nous commençons ce jour un procès qualifié d’historique, hors norme », a déclaré le président de la cour d’assises spéciale Jean-Louis Périès, rapporte Franceinfo. Il est « historique certainement car

les faits par leur intensité dramatique font partie des événements historiques nationaux et internationaux de ce siècle », a-t-il ajouté.

Filmé pour l’Histoire, ce procès va se dérouler sur neuf mois, une durée sans précédent pour une audience criminelle en France. « Ce sera le procès sans doute le plus long de l’histoire », a dit à l’AFP Me Christian Saint-Palais, avocat d’un des accusés.

Le procès est aussi inédit par l’ampleur du dossier, 542 tomes, par son nombre de parties civiles, environ 1780, son nombre d’avocats, 330 et par sa charge émotionnelle. 550 personnes prendront place dans la salle d’audience au sein du palais.

Ce procès titanesque a nécessité deux ans de préparation et la construction d’une salle d’audience ad hoc au cœur du palais de justice historique de la capitale, sur l’île de la Cité. C’est une salle spécialement pensée pour les grands procès et répondant à des exigences de haute sécurité, longue de 45 mètres et dotée de plus de 500 places assises mais aussi 14 salles supplémentaires, abritant 2000 places de plus, permettant d’assister aux débats retransmis grâce à l’installation d’une régie.

Tenir un procès de cette ampleur jusqu’à son terme, prévu le 25 mai 2022, constitue un défi inédit pour l’institution judiciaire, particulièrement en temps de pandémie de Covid-19 et de menace terroriste toujours élevée.

Seule une partie, environ 300, des proches de victimes et rescapés des attaques témoignera à la barre. Les parties civiles raconteront pendant cinq semaines, de fin septembre à fin octobre, cette nuit d’épouvante et ses séquelles. « On espère montrer au grand public ce que signifie être victime du terrorisme », a témoigné auprès de Franceinfo Arthur Dénouveaux, rescapé de l’attentat du Bataclan et président de l’association Life for Paris.

Parmi les 20 accusés, seuls 14 seront présents, dont 11 détenus et trois laissés libres. Les six autres seront jugés par défaut, dont cinq présumés morts en zone irako-syrienne. En l’absence du donneur d’ordre, le vétéran du jihad Oussama Atar, et d’autres hauts gradés de l’EI dont les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous les regards seront tournés vers Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos, et Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles. Douze des 20 accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Les premiers mots de Salah Abdeslam

Vêtu d’un t-shirt noir, sa barbe noire dépassant de son masque de la même couleur, cheveux sombres mi-longs coiffés en arrière, le seul membre encore en vie des commandos, s’est assis dans le box sous très haute-surveillance.

Le principal accusé du procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, a déclaré dans ses premiers mots à la cour : « Tout d’abord, je tiens à témoigner qu’il n’y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son messager », paraphrasant la Chahada, profession de foi islamique, rappelle Nice-Matin.

« J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’Etat islamique », a-t-il répondu calmement. Il a ensuite refusé de donner le nom de ses parents : « le nom de mon père et ma mère n’ont rien à voir dans cette histoire ».

Quelle attitude adoptera-t-il ? C’est évidemment l’enjeu de ce procès. 

Par Emma Forton

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