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France

Fête de la musique 2021. Plusieurs heurts se sont produits à Paris, Nantes ou encore Annecy

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Quelques heurts se sont produits à travers la France au cours de la soirée de la Fête de la musique, très attendue par les Français au lendemain de la levée du couvre-feu. Des milliers de personnes ont pris part aux festivités malgré l’interdiction de concerts d’envergure en extérieur. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu à Nantes et Annecy, tandis que des rassemblements de plusieurs centaines de personnes ont été évacués à Paris.


Après des mois de restrictions liées au Covid-19, la Fête de la musique et son cortège de mini-concerts étaient très attendus lundi 21 juin. Des milliers de fêtards, surtout des jeunes, se sont réunis autour de la musique, faisant fi des mesures sanitaires : un parfum de goût d’avant alors que l’épidémie recule. La nuit de la Fête de la musique a cependant été marquée par des débordements dans plusieurs villes de France. Les forces de l’ordre sont notamment intervenues à Paris, Nantes ou encore Annecy pour disperser les rassemblements.

Plusieurs villes ont annulé les festivités, contraintes par la météo

Le mauvais temps a poussé de nombreuses villes comme Rennes, Nantes et Tours à annuler les concerts. Strasbourg avait indiqué dès vendredi qu’il n’y aurait pas de concert organisé, non pas à cause de la météo cette fois mais parce que les nouvelles consignes sanitaires avaient été révélées trop tardivement. Dans le Loiret, à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, ce fut le déluge. « Les gens ont essayé de rester, ils n’avaient pas envie de partir, les musiciens avaient envie de jouer. Mais la pluie a tout gâché », a regretté Sylvain Damon, le président de l’association organisatrice du concert, FestHilaire, selon Le Figaro. À Marseille, la préfecture avait interdit les rassemblements « festifs à caractère musical » à La Plaine, ne voulant pas revoir les images du Carnaval qui avait fait polémique en pleine crise sanitaire.

Annecy : 4 policiers blessés et 4 interpellés

Des « scènes de violences urbaines » et des « scènes d’émeutes » entre fêtards et forces de l’ordre ont éclaté ce lundi en fin de soirée dans le centre-ville d’Annecy en marge de la fête de la musique a relaté de son côté France Bleu. Entre 21h et 22h, des attroupements de « collégiens et lycéens » se sont formés au centre Bonlieu et aux abords du Pâquier, en bordure du lac d’Annecy. Ils étaient « plus de 2000 », a précisé à l’AFP la Direction départementale de la sécurité publique de la Haute-Savoie. « Au début, c’était un pique-nique dans une très bonne ambiance et puis, petit à petit, ils ont fait des battles de danse qui ont dégénéré visiblement. S’en sont suivi des altercations », a-t-on ajouté. Les personnes présentes ont investi les rues. Peu après, des jets de bouteilles en verre ont eu lieu, auxquels ont répliqué les forces de l’ordre par des gaz lacrymogènes. Les premiers heurts ont éclaté vers 22h15 et se sont poursuivis après minuit. La police a notamment constaté des feux de poubelles dans le secteur. Le calme est revenu vers 1h30 cette nuit après trois heures de tension.

Selon le préfet de la Haute Savoie, Alain Espinasse, quatre membres des forces de police ont été légèrement blessés lors des affrontements et quatre personnes ont été interpellées pour violences envers les forces de l’ordre. Le préfet précise « que la foule a été bien contenue et maîtrisée par les forces de l’ordre et qu’il n’y a aucun blessé parmi les fêtards ». Au cours de la soirée, il y aurait eu une dizaine d’interventions des secours pour des personnes légèrement blessées. « Même en sortie de covid, même si les gens voulaient décompresser, ce n’est pas une justification pour de tels actes », a-t-il poursuivi. Le préfet a qualifié les faits d’« inadmissibles et lamentables ». « C’était une foule de très jeunes gens hier dans les rues mais pas de casseurs clairement identifiés », a-t-il finalement conclu.

Des évacuations à Paris

À Paris, ce sont des rues bondées qui ont accueilli les fêtards. Les forces de l’ordre sont intervenues à plusieurs reprises pour disperser des rassemblements de plusieurs centaines de personnes au jardin des Tuileries, à l’Hôtel de Ville, à Montmartre, sur les Champs Élysées, dans le bois de Vincennes et aux abords de la Basilique. Des centaines de jeunes se sont retrouvés en début de soirée dans le Jardin des Tuileries à la suite d’un appel quelques heures plus tôt sur les réseaux sociaux sous le hashtag « Projet X ». Ils ont ensuite été délogés sans heurts par les forces de l’ordre, qui a tiré des gaz lacrymogènes, a appris l’AFP de source policière. La petite foule s’est alors dispersée dans les rues de la capitale, rejoignant notamment les quais de Seine, dans un jeu du chat et de la souris avec la police.

Vers 23 heures, la foule a grossi sur les quais de Seine, plusieurs milliers de personnes se retrouvant pour poursuivre la Fête de la musique sans masque ni distanciation sociale. Vers minuit, des heurts ont notamment éclaté place de la République, alors que les forces de l’ordre évacuaient la zone. Face aux jets de projectiles, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. La situation s’est tendue lors de l’évacuation des lieux, comme le montrent les images du journaliste indépendant Clément Lanot et de Remy Buisine, présents sur place.

Finalement, 25 personnes ont été interpellées pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique et outrage », et « vol et participation à un groupement en vue de commettre des violences ».

Des gaz lacrymogènes à Nantes

À Nantes, place du Bouffay, une marche pacifique en l’honneur de Steve Maia Caniço – jeune homme de 24 ans tombé dans la Loire durant une intervention policière lors de la Fête de la musique en 2019 – était organisé dans la soirée. Il s’est finalement transformé en une free party pour une « Fête de la musique libre » pendant laquelle des blacks blocs ont retiré des pavés dans le quartier Kervéguen et les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Les manifestants voulaient dénoncer le discours sécuritaire hystérique et contradictoire ​du gouvernement qui autorise la Fête de la musique, sans fête ni musique. Dès 21 h, ce rassemblement a dégénéré au cri des slogans « Tout le monde déteste la police ». Les affrontements et les gaz lacrymogènes ont rapidement contraint les bars à fermer leurs terrasses. À 22 h 45, les forces de l’ordre ont repoussé les manifestants hors du centre-ville pour retrouver un semblant de calme.

Un protocole sanitaire largement délaissé

S’il n’y a plus de couvre-feu depuis dimanche, le port du masque reste recommandé à l’extérieur lors des concerts et les attroupements de plus de dix personnes sur la voie publique demeurent interdits. Le protocole sanitaire de la Fête de la musique prévu par le gouvernement interdisait « de créer un attroupement à plus de 10 personnes dans l’espace public », empêchant de fait la tenue de concert à l’extérieur. Seuls les concerts à l’intérieur des bars et restaurants, sous réserve de respecter la jauge, et les concerts assis en extérieur étaient autorisés.

Invitée de BFMTV mardi 22 juin, la ministre de la Culture a déploré « des débordements » prévisibles. « On a lâché les freins mais il y a encore des règles sanitaires à observer », a-t-elle rappelé alors que les règles sanitaires ont été grandement assouplies ces dernières semaines mais que le territoire vit toujours sous la menace du Covid-19 et de l’apparition de variants. « J’en appelle vraiment à la responsabilité des uns et des autres. La pandémie est toujours là. Il faut être dans une démarche prudentielle », a-t-elle déclaré tout en reconnaissant « qu’à deux heures du matin, dans l’extase de la fête, il peut y avoir des débordements ».

Elle s’est cependant réjouie que la Fête de la Musique ait pu se tenir : « Elle a donné lieu à des moments festifs, des moments d’expression musicale tout à fait formidable, c’est ce qu’il faut retenir. »

« On a fait preuve d’une grande mansuétude et des consignes avaient été données », estime Roselyne Bachelot, interrogée sur les interventions parfois musclées de la police pour mettre fin à ces rassemblements. « C’est vraiment quand il y a eu certains débordements, certains rassemblements qui peuvent mettre en danger la santé des uns et des autres qu’on a fait des dispersions », conclut-elle.

Par Emma Forton

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